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S'enivrer avec passion jusqu'aux frontières du dégoût ; telle est la plus haute aspiration actuelle à laquelle je consacre mon existence. Jouir de néfastes délices en ne se souciant ni du regard d'autrui, ni des conséquences que ces voluptés engendreront sur nous-même. Sentir ces puissantes exhalaisons se dégager d'un goulot de bouteille, inhaler ces vapeurs méphitiques qui s'échappent d'une extrémité de joint qui se consume lentement. Et aspirer tout cela, et ingurgiter tout cela ; faire de la moindre gorgée le plus auguste des plaisirs. La bouteille est la solution, tout est là, et vos entrailles n'attendent que de s'imprégner de ce liquide divin. L'Homme est condamné au malheur, dit-on, tant qu'il ne se délecte que de jouissances charnelles et matérielles, et de par ce fait vouées à l'extinction ; seule l'adoration de Dieu ou d'une entité immuable et éternelle similaire permettrait d'atteindre une plénitude sereine. Cela est vrai ; mais comment s'affranchir des plus naturelles de nos pulsions, des plus profonds de nos instincts ? Comment échapper à ces désirs farouches qui nous taraudent, à ces souvenances putrides qui refusent de s'oblitérer ?
 

Maudits soient-ils, ces bien-pensants hypocrites, ces tartufes défenseurs de la vertu, ces ascétiques ostentatoires, ces individus aux moeurs débiles qui veulent travestir notre réalité ! Que soient brûlés vifs ces éphèbes et ces vestales qui tentent d'effacer et de renier cette invincible parcelle de violence et de sauvagerie qui sommeille en chacun de nous, ce marais fétide et puant d'où naissent nos désirs les plus pervers et nos extravagances les plus folles ! Leur espérance, où est-elle ? Leur espérance, qui peut l'aperçevoir ? Mais je méprise leurs limites étriquées, leurs minuscules contours tracés par une religion trop chaste et par des principes puritains ! Je hais leur vision melliflue de l'existence. Que croivent-ils ? Qu'elle se borne à témoigner à n'importe quel connard de base des déclarations insipides de tendresse et de promesses qui ne seront jamais tenues ? Non, non et cent fois non, la vie ce n'est pas ca ! Ces imbéciles, je leur ferai partager mon attirance pour la folie ! Ils ignorent tout de l'insigne transcendance que peut procurer de déraisonnables doses d'alcool ingurgitées avec la plus brute des impétuosités. Cette sensation unique mêlant dégoût et jubilation, ces ailes d'airain qui nous poussent et nous portent à l'exquise sociabilité, cette ivresse incontrôlée exacerbant nos fantasmes les plus profonds et nos pensées les plus enfouies. Quoi de plus exquis que de boire jusqu'à l'excès ? Quoi de plus extatique que d'enchaîner les pilons et de sentir, à chaque latte consumée, tous ces neurones qui crépitent et explosent au sein de notre cervelle ? Quoi de plus édifiant que de se ployer à cette seconde nature qui, dans sa salvatrice libération, révèle tous nos vices et nos pulsions cachées ? Rien, assurément rien !! Je l'avoue, anciennement, ma plus haute aspiration, mon plus noble dessein était de trouver un amour, aussi simple soit-il. J'aurais voulu donner tout ce que je possédais et faire tout ce qui était en mon pouvoir pour cela. Les épreuves sentimentales permettent, dit-on, de devenir plus fort et d'appréhender avec une vigueur nouvelle les événements à venir. C'est à moitié vrai ; car le prix de cette longanimité neuve reste cette marque indélébile tracée au fer incandescent, au plus profond de nos entrailles. Cela fait un moment que cette pensée habite mon esprit, mais dorénavant, je peux le clamer sans aucun tremblement dans la voix et sans la moindre chimère voilant ma face : j'ai perdu la foi. Soit. Oh, j'avais tant à offrir, tant de dilection à éprouver, tant de délices à partager, cela tout le monde commence à être au courant. Mais nulle ne s'est présentée. Et il y a de ces expériences qui, une fois amassées et amalgamées dans notre mémoire, nous changent totalement, et ce à fort long terme. Tant pis, je garde tout pour moi ; au fond, j'ai toujours su que, de toute ma vie, mon plus grand amour serait moi-même. Il faut juste que j'évite de me comparer à tous ces grands penseurs et écrivains que j'admire et jalouse ; ce sont les seuls qui parviennent à faire pointer en moi une once d'envie. Et dire que même la littérature me laisse indifférent, ces temps-ci ; c'en est navrant, et j'espère fort que cela reviendra. Car il y a comme cette tâche d'ombre qui croûpit entre mes pupilles et les pages des livres... Ah, ces chiens bâtards, ces ignorants immaculés ! Jamais ils ne perçevront l'extase que nous prodigue la sainte décadence qui nous dévaste de l'intérieur. N'être plus qu'un spectre pâle, une ombre de celui que l'on incarne originellement ; voilà la plus illustre des jouissances. Et ca, personne, oh oui, personne ne pourra m'empêcher de l'atteindre aussi souvent qu'il me plaira. Je m'enivrerai, jusqu'à m'exploser le crâne, jusqu'à éructer mes entrailles contre le sol, jusqu'à sombrer dans un coma de plusieurs jours, mais bon Dieu, laissez-moi goûter à cet exutoire insane et temporaire qui me permet, le temps de quelques heures, d'oublier les affres et les tracas de mon morne quotidien. Et puis, comme l'a si bien énonçé notre très cher philosophe P en m'adressant la parole (complétement ravagé, lui aussi) : "Poilous, j'préfère te voir boire de l'alcool, fumer du schit et composer des chansons pour Soulmourne que de t'voir avec une nana !". Vivent les conversations entre vrais mecs qu'en ont une bonne paire et avec qui on peut discuter sans aucun tabou !
 

J'ai tenté de me faire passer pour un psychopathe schizophrène en manque cruel d'affection (et d'un certain point de vue, l'on pourrait aisément me considérer en tant que tel [au fait, j'ai rédigé une partie de cet article à moitié bourré, pour mieux coller avec l'ensemble, si vous parvenez à voir lequel, je vous tire mon chapeau]). Sur ce, je vais donc retourner à mes déboires désormais quotidiens, m'allonger sur mon lit en fixant le regard vers le plafond sans rien faire d'autre, puis bosser ma philo et ma litté avant d'adresser ma prière à mon professeur de lettres Saint Pascal Vallat (c'est lui qui nous l'a demandé). Oh, j'oubliais, demain c'est mon anniversaire, et il y a sérieusement intérêt à ce que je croûle sous un amas de SMS attentionnés, sinon je risque grièvement d'en tabasser certains ! Sur ce, bonne soirée ; enfin, si le coeur vous en dit.
 

Nachtmystium - Assassins. Même que le refrain est grave kiffant.
 

"We feel nothing

And are nothing

Traveling leaches

Rejecting weakness

We stand alone [...]"