Jeudi 19 novembre 2009 à 20:45

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La chatte

Seule, invincible,
Chatte baveuse
Luminaire
Qui contamine tout
Par compénétration réciproque
D'un prêtre baissant son froc
Cerisier globuleux, pâte de fruit,
Job la lèche à l'envi :

 

"Broie du noir, noie l'espoir
Avec ta lame et avec tristesse.
Ramasse les éclats du sanglant miroir,
Fléau des doigts de la déesse.

 

Rêve d'un Eden où les femelles
Pendues aux arbres par leurs phalanges ;
Leurs menstrues avalées par l'hirondelle
Du sol ; fout sur leurs lèvres d'ange.

 

Crie et crache, tout comme Mégère,
Nabuchodonosor ici prend la mer
Pour échapper aux jardins blancs.

 

Chevrottant, l'ermite des cités,
Sans vit et le coeur alité ;
Et jette tes entrailles vers le ponant."

 

Je vis un vit vivant sa vie
Fond fangeux des furoncles du foutre
Poils de corbeau - toile de beau corps
A l'aide, à l'aide, ma laide Athéna,
Fiévreux et seul dans mes draps
Amour peux-tu
Lire l'ire du délire de ma lyre
Ignition de l'âme, extinction
Vomit l'amour, vomit l'absolu,
Je la veux, je l'avoue,
Ta chatte.


Mardi 3 novembre 2009 à 16:44

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Plusieurs mois séparent ici ce texte de tous les autres, et cela faisait longtemps que je n'avais plus posté d'écrit personnel. Plusieurs raisons imputables à ce fait : la reprise d'un travail soutenu et conséquent d'une part, et une nette impression de tourner en rond dans mes sujets "littéraires" d'autre part. Impression tangible, je le pense, au travers des récurrences visibles dans la plupart de mes écrits. Quoi qu'il en soit, voici la suite.

Heureux mon père qui, tout au long de sa vie et ce jusqu'au jour de son précoce décès, parcourut le monde en dirigeant son armée, ne s'accordant nul répit, ne se contentant pour logis que de quelques habitats provisoires, ne s'encombrant de nulle fréquentation caduque et de nulle famille pleurarde ! Sans nul doute, pareillement, était-il homme à ne pas se soucier des multiples passions soudaines et futiles assaillant habituellement le coeur des hommes communs, et contre lesquelles même moi ne peut sérieusement lutter ; il les voyait plutôt, j'en laisse le plein loisir à mon imagination, comme un ennemi de plus à combattre, comme des centaines d'hommes noirâtres aux bouches salivantes qui donneraient l'assaut à ses solides lignes de défense, établies ici à cet effet, entamant un vaillant et indéfectible barrage contre ces troupes maudites. Mon père ne fut rien d'autre qu'un homme libre, et en cette qualité, il put se targuer de ne jamais s'être laissé subjuguer par l'oisiveté, la lésine, le péché, les inclinations faciles et la concupiscence, ces choses qu'abreuvent ordinairement les mortels, comme le pisciculteur engraisse ses saumoneaux après avoir incisé le ventre de leurs mères pour en récolter les oeufs et arrosé ces derniers de semence mâle. Nombreux sont ceux qui s'offusquent contre le pouvoir écrasant de l'Etat, à tort ou à raison selon la forme qu'il prend, et prétendent que la plus pure liberté ne peut être atteinte tant que son joug assujettit le peuple. Cela est vrai, mais en partie seulement ; car l'être humain indépendant de toute forme de morale ou de politique ne peut être considéré comme libre si celui-ci reste enchaîné dans la geôle de ses passions. Mon père fut libre, oui, car il suivait le cheminement moral qu'il s'était prescrit et, de par ses considérables efforts pour se hisser dans les plus hauts échelons de sa profession, ne dépendait d'aucun ordre irréfléchi ni d'aucun sergent instructeur blasé par la misère de son salaire et la médiocrité de son statut, et ne laissait à aucun moment ses faiblesses ou ses remords prendre le dessus sur sa conscience, si naturels et légitimes fussent-ils. De simple animal - car n'importe quel humain basique se repaissant de quelconques joies de fortune n'est après tout qu'au stade animal de l'échelle de l'être -, il s'éleva au niveau d'homme supérieur, ne vivant que pour honorer ses immortelles maximes et persévérer dans les choix de son existence. Et lorsque la mort l'eût débarrassé de son attirail d'eau, de chair et d'os, il parvint enfin à l'illustre rang de pure conscience spirituelle, affranchie de tout parasite, errant quelque part dans l'univers, et n'ayant laissé sur Terre qu'un unique nom : Anatole de Valgrave.

Mais est-il encore possible de le suivre, ce chemin béni ? Les entraves à la liberté sont de prime abord bien nombreuses au simple stade naturel : des phénomènes tels que l'attraction terrestre, les besoins vitaux de l'organisme ou encore la fragilité des corps suffisent d'entrée à rendre délicate cette idée, et les carcans du désir et de l'amour ne sont pas là pour faciliter une tâche déjà bien ardue. Mais là où les hommes parvinrent il y a des millénaires de cela à s'accomoder de ces gênes et à trouver, par leur sueur et par leur travail, des solutions pour sauvegarder leurs vies et pérenniser leur espèce, une certaine force - que ce soit la lassitude d'un état de méfiance permanent ou la dictée de leur raison, selon que vous soyez Hobbesien ou Rousseauiste - les poussa à s'unir : ainsi fut consacrée la naissance du fléau étatique, et sa forme la plus vicieuse, la plus sournoise et la plus fourbe est sans doute celle qu'il revêt aujourd'hui, dans cette prétendue démocratie occidentale. Les hommes, assurés d'être tous égaux en droits et affranchis de la peur d'être trop sévèrement punis pour leurs crimes, peuvent s'adonner loisiblement à la plus abjecte oisiveté et à leurs bas appétits. Cela profite heureusement à la science qui, en tant que pratique collective dont l'évolution repose sur les expérimentations et les idées novatrices de toute une communauté, peut ainsi prendre son plein essor et se développer sans aucun embarras ; mais parallèlement, l'art, pratique essentiellement individuelle, patauge dans son cloaque fétide, tellement les esprits artistes se sont affadis et amollis ; car en effet, quelles règles transgresser, quelle morale heurter, quelle idéologie affronter dans un monde ou chaque pensée est permise et où chaque individu équivaut à un autre ? Mais même en passant outre ces observations, était-il encore possible aux hommes de connaître une pleine émancipation spirituelle ? Pouvaient-ils encore s'offrir les moyens de s'élever hors des miasmes morbides dans lesquels la tutelle étatique leur plongeait la tête ? Car oui, c'est bien la petitesse que leur impose désormais cette présence terrifiante, et eux de s'y complaire sans même trop chercher à lutter ni à réfléchir ; après tout, lorsque le gouvernement - en accord, cela va sans dire, avec les grandes firmes, les principaux organes médiatiques ou autres lobbies étouffants - s'ingénie à soumettre le diktat d'une pensée unique tout en abrutissant cette "vile multitude", pourquoi donc souffrir à bien reconsidérer les choses, puisque tout un système de pensée, aussi simpliste et contradictoire soit-il, nous est directement servi sur un plat d'argent ? C'est qu'hélas la plus grande aspiration de l'homme, juste après celle de perpétuer son espèce, reste de paresser et d'accomplir le moins de travaux possibles, qu'ils soient physiques ou mentaux, et plutôt que d'aller chercher les plus resplendissantes perles artistiques ou les moyens intellectuels de clamer haut et fort les vilenies de ce système, l'on se contente bien poliment d'ingurgiter les best-sellers - mes doigts tremblent à écrire un nom si odieux - et des informations préalablement triées et sélectionnées.

Dégoûté par toutes ces considérations, et fatigué d'ailleurs de ressasser toujours les mêmes critiques en mon esprit sans réussir à trop les varier, comme ce fut déjà le cas lors du mariage du duc, je décidai de me lever pour rejoindre le jardin, à dessein d'aérer mes pensées, ou du moins, si une telle chose se révélait impossible, mon corps. Une pluie légère battait les carreaux de centaines de faibles heurts ; une imagination féconde en des temps plus lumineux eût permis de se représenter des foules d'insectes multicolores et volants qui, désireux de venir se reposer dans l'ombre de mon intérieur, eussent frappé sans répit de leurs pattes légères et de leurs ailes frissonnantes les vitres qui leur barraient la route. Malgré cela, je ne pris point mon parapluie ni mon manteau et sortis tel que j'étais, vêtu très simplement, puis marchai jusqu'au petit étang qui reposait au centre du parc. Un doux froissement sonore retentissait lors de chacun de mes pas dans l'herbe humide, doux et agréable, à l'instar d'un chuchottement végétal qui m'enjoindrait à poursuivre ma route sans m'arrêter. Conformément à ce mystérieux conseil, je poursuivis mon court trajet et atteignis bien rapidement l'étang. L'eau de pluie pénétrait en sa surface par des millions de petites collisions successives, formant un bruit fin et continu, un plaisant clapot. Des nénuphars aux feuilles ouvertes donnaient l'impression, de-ci de-là, de se laisser écraser par ces salves incessantes et d'être voués à finir enfoncés au fond des flots ; mais pourtant, ils résistaient, petites formes héroïques dispersées sur cette bruissante surface, ils résistaient à ces contiuelles rafales et demeuraient là, stoïques et majestueux, insensibles à toute intempérie. Et le jardin tout entier, et même les plaines environnantes, donnaient l'illusion d'un combat grandiose entre les forces telluriques, silencieuses mais titanesques, et ces myriades de goutelettes, si frêles et diaphanes par leur forme mais si accablantes par leur nombre.

Etait-il également possible de vivre encore l'aventure ? Mon coeur, en cet instant, se trouvait empli de ce désir ardent. Ces analogies effectuées entre ces phénomènes naturels et duels de colosses me firent revenir en mémoire toutes ces épopées qui, pareillement aux filets de pluie coulant le long de mes cheveux, fluaient en mon esprit par de puissants ruisseaux : la fuite de Troie d'Enée vers les contrées du Latium, le retour d'Ulysse à Ithaque, les infortunes d'Encolpe et d'Ascylte, ou même, pour sortir des sphères antiques, les innombrables tribulations chevaleresques d'Amadis de Gaule ou de Tirant le Blanc. Mais étaient-elles seulement pensables, ces aventures, dans un monde tel que le notre, ou même plus simplement encore dans un monde réel ? Je me souvins tout particulièrement, à ce moment, de quelques paroles qu'énonça le Roquentin tout droit sorti de l'imagination sartrienne : "Je n'ai pas d'aventures. Il m'est arrivé des histoires, des événements, des incidents, tout ce qu'on voudra, mais pas d'aventures", ou encore "Quand on vit, il n'arrive rien. Les décors changent, les gens entrent et sortent, voilà tout". Car oui, tout était là. J'aurais aimé pouvoir m'en donner l'illusion, mais le désanchantement amorcé en moi il y a déjà quelques temps m'interdisait nettement cette douceur. Les aventures ne sont envisageables qu'en tant qu'événement racontés et embellis par un écrivain, et ne se déroulent que dans un univers fictif et diégétique, où chaque action, voire même chaque détail minime, peut prendre une importance insoupçonnée et engendrer des conséquences extraordinaires. L'aventure... "ce qui doit advenir", disait encore le Bernard d'un certain autre roman. L'aventure... des potentialités infinies, des mondes ouverts et inexplorés, des peuples tribaux aux coutumes inconnues, de la nouveauté à chaque journée ; mais cela n'était possible, en effet, que par l'acte de pure démiurgie d'un écrivain, d'un artiste, afin qu'adviennent ces potentialités, afin que prennent corps ces mondes, afin que vivent ces peuples tribaux, et afin que cette épopée acquiert définitivement toute sa force et sa magnificence par l'incommensurable pouvoir de ses mots. J'aurais beau exécuter tous les voyages imaginables, découvrir de nouvelles choses à chaque aurore, ne jamais dormir deux fois dans la même couche, défier des armées, conquérir des pays, commander à Cupidon de planter ma flèche dans le coeur des plus belles femmes, tout ce que je ferai ne sera jamais que simple action ; à l'exemple de Don Quichotte affrontant des moulins ou pourfendant des religieux prétendument fantômes, mon imagination seule, encore qu'elle soit bien basse et bien prosaïque comparée à cette âme folle et féconde, ne changera jamais la réalité véritable du monde. Mon père lui-même, en dépit de l'existence exaltante qu'il reçut comme un don du Ciel et de tous les faits qu'il put accomplir, n'a jamais connu d'authentique aventure. Tout comme l'existence même n'est que contingence et gratuité, l'aventure ne restera jamais que fictive et l'imagination, tant qu'elle cherche à imposer son pouvoir sur les manifestations sensibles, ne sera jamais que stérile. Ainsi faites ces constatations, il ne me restait donc plus qu'à rentrer en ma petite résidence, tout dégoulinant que j'étais, et à plier mon esprit vers des choses bien moins désuètes et vaines que ces rêveries enfantines.

Lundi 2 novembre 2009 à 23:06

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L'aventure érotico-épique du très illustre et très renommé Dawson le Titan (à compléter), première partie.

 
Ô muses qui inspirent chez l'homme la prose agile
Et chevauchent dans la glèbe les sexes d'argile,
Accordez-moi le don de conter l'histoire
De Dawson le Titan aux larges tétins noirs.

Vois, Josabet, Mathieu et Job content encor'
La naissance du Titan dans le sang et l'or.
Des fiacres, soumis au sort des esclaves Claudiens,
Soemia le berçait dans le sperme Colchidien.

Le sperme coulait comme force chevaux furieux
Sur le fils lubrique du soleil chaleureux ;
Orgie Claudienne ! Et besognant pauvres pâtres,
La teneur en fruits de son sexe s'accroître.

De là, dit-on, cette vigueur durant son règne,
Cette splendeur à rendre les orgies sans qu'il feigne
La douleur, d'une prothèse anale déformée
Par les deux cents assauts de ces noirs triphallés.

Salvatrice averse que celle de son smegma,
Perles d'opale qu'onc vagin ne désira.
Et Jupiter aux mille broyeurs métalliques
Onc ne lui provoqua douleur phallique.

Dès l'enfance, Julia Soemia lui apprit
A séduire les femmes, les séduire avec son vit.
Ainsi parla-t-il à sa soeur, Domna,
Lui parla, sortit son vit et l'empoigna :

"Je ne dis point l'amour, n'étant point amoureux
Mais l'amour malheureux des femmes et d'un lépreux.
Je vous dégoûte, car mes mains, mes yeux et mon corps
Sous la malison s'écrasent, tombent et se tordent.

Vous, Joie, jeunesse et joliesse et pas plus fol ;
Je me ferai savant en la philosophie
Pour recueillir en vous la divine ambroisie,
Où que je tourne l'oeil, soit vers le Capitole
Et ses tilleuls d'airain où prépuces dégringolent."

Ainsi dut-il en dire, de lépreux à nonnain,
Car la vierge consacrée en fut pour ses reins,
"Trou est trou, et bite point n'a d'oeil", selon l'adage ;
Il perdit le sien en temps-même que pucelage.

"Comme un, qui veut curer quelque cloaque immonde,
Entendre claquer ses couilles, comme clapote l'onde,
Malheureux l'an, le mois, le jour et le point,
Car plus ne claqueront mes burnes dans ton groin."
Et il n'ajouta rien, comme elle était ronde.

C'est vers - il est dit - son cinquième printemps
Qu'un vif dégoût des femmes se fit saillant.
Dawson le Titan, friand de nouveaux horizons,
Darda son phallus vers les mâles septentrions.

Se faisant ouvrir jambes et découvrir poireau
(Comme Moïse victorieux écartant les flots),
Diables lui pilonnèrent son anus gluant,
Et le polirent jusqu'à le rendre brillant.

Rien ne lui plû que ce théâtre de la vie,
Rien de plus rouge que force sexe et à l'envie !
Des clameurs ! Dawson ! Dawson ! Dawson s'embourbait
Dans les draps quand son cul exploité se tuméfiait.

Mais les coups incessants de ces pines durailles
Effritèrent bien tôt la boîte à mouscaille
Du Titan ; et vibrèrent alors dans son cul
Essaims pugnaces de frelons aux dards aigus.

Tacite le rapporte, Isaïe le relate,
Cette première expérience le fit folâtre ;
Et vers dix ans ce fut le prêtre d'Australie
Qui lui fit goûter aux viols d'Aortésie.

"Et pointe la verge comme pointe l'aurore !"
Dit ce prêtre coquin qui en voulait encore.
Dans cette verte prairie, ruisseaux et vaches,
Et lactescents oiseaux dont la mousse tâche,

Jappaient, s'élançaient sous le zéphyr du feuillage,
Il dit : "Les putains ne viennent point d'Alapage".
Toutes étaient nymphes, et sans doute néréïdes,
Putes impériales tirées de l'Enéide.

"Femmes callipyges ! L'orage me déchire !
Que mon sexe étende sur vous son empire
Alors que mugit l'équinoxe de diamants !"
Pourtant le vit du prêtre restait attachant.

Soudain ! Soudain ! (Mon Dagaud) il eut dans sa bouche
Ce que l'on ne saurait dire, la grande babouche,
Le grand boudin, le vit principal du curé,
Et déjà de son cul, il fit de la purée !

Fort aise alors de cette plaisante surprise,
Dawson la lui rendit cent fois, sans lâcher prise.
Feu ! Feu ! Que chante et crépite le canon ardent !
Que ses puissants obus s'enfoncent jusqu'au sang !

"Général ! Si tu sors ton canon, je le tords !"
Monsieur se prit au jeu de l'Amour et du Sort,
"Jouons donc ; si tu me trouves je fais la femme.
Compte donc ; je suis sous la barque, c'est celle à rames !"

Ainsi se termine la première partie
Qui bien que grivoise nous laisse le souris,
Puisque tout bon mot doit s'arrêter à temps
Laissons les choses de fesses et de bas rang.

Composé et rédigé en collaboration avec Léocade Lawrence de la Hasse.

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