Lundi 23 février 2009 à 18:53

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Aldébaran regardait toujours.

J'ai fait l'amour avec un cadavre. Ses os craquaient comme les branches d'un arbre dénudé sous les caresses d'Hélios. Sous cette sérénade, je couvrai de mille baisers sa chair bleuie ; c'est l'Eternité qui s'offrait à mes lèvres. Bal macabre et étouffant, où les viandes encore palpitantes s'amalgament aux vers et aux tissus putréfiés. Puis la Mort dura quelques secondes, le temps que l'âme se cambre et s'arrache partiellement à la coquille charnelle. Bouche qui dégorge des aurores boréales et les soupirs du ponant. Je retire mon pied de la tombe, quitte ces draps de marbre et viens porter mes lèvres au Graäl chtonien de la mélancolie ; que ne goûté-je chaque nectar et chaque suavité concevables, nul n'abolira jamais la perte de cette deuxième naissance.

Les glaciers mugissent au sein de l'Enfer. Essaims aux dards pellucides qui pénètrent par chaque pore jusqu'à la moëlle. Je suis l'Enée solitaire qui, tournant le dos aux chauds gémissements de sa Troie maculée, fixe depuis le rivage aux embruns fuyants les promesses éthéréennes des cieux vides. Carthage brûle à la surface du soleil, et les ventrailles d'Albe sont becquetées par le rapace des sept collines. Créüse fustigée achève ses ultimes spasmes et vient s'égarer dans les brumes ; l'amour est un fléau car son envergure illimitée ne peut se recroqueviller dans les bornes de l'existence humaine. J'aime l'amour comme j'aime le cliquetis des chaînes, la moisissure des geôles et la géhenne de la roue d'Ixion. Le sanctuaire était loin mais il m'appelait encore ; j'y parvins.

Un peintre se dressait au milieu de l'ample pièce, les yeux purpurins et gonflés, les lèvres tremblottantes, le teint d'une couleur exsangue. Devant lui s'élevaient des vitraux démesurés où des Cupidons gracieux et callipyges déchiraient leurs toges nivéennes et se frappaient la poitrine de leurs poings mignons. Le rapin, agité d'un transport convulsif, mélangeait confusément ses couleurs, puis donnait d'imprécis coups de brosse dans les airs, laissant s'échapper des volutes chatoyantes qui voltaient et ondoyaient au travers de la salle ; il cherchait à peindre les siècles. Dieu créa les lois de nature et ses infinies manifestations en six jour et se reposa le septième ; mais bien souvent l'on oublie de préciser qu'il modela l'art de manière médiate dans le cerveau humain. Le virtuose est Un et il est Dieu, et sa pratique est le cri de l'éblouissement et de l'extase devant lesquels l'homme ploie et succombe.

Un carnet poudroyant reposait aux côtés du fol artiste ; un de ces carnets rigides et céruléens où les écrivains inscrivent le poids des Âges et révèlent l'éternité de leur âme à leurs choyés lecteurs. En le saisissant, la couverture vermoulue se décomposa sous le contact hésitant de mes doigts transis ; de gros morceaux chûtèrent parmi l'éboulis de poussière diaphane. Ces débris jonchants sur le sol n'apparaissaient non plus comme un amoncellement ruineux, mais bien comme une collection d'onyx, de lapis-lazuli et d'agates. Voilà des années de méditations extatiques qui s'en retournaient dans le gouffre vide ; du néant originel et fondateur elles s'en retournaient au néant, froid, nu, immense. Des quelques pages lépreuses qui résistaient encore, je pus lire ces quelques notes :

"L'humus coagulé sur lequel j'évoluais était si solide et si noir que la flamberge d'Héphaïstos, la frappant avec fureur, se fusse brisée. De la croûte de ce sol s'exsudaient, telles de bouillonnantes irruptions, de flasques jets purulents ; cette sanie tellurique se répandait mollement à travers les anfractuosités du terrain et finissait par durcir, formant une surface grumeleuse et légèrement translucide, d'un aspect abominable et d'une fragrance repoussante. Au sommet d'une gibbosité proche, je pus voir saillir fièrement un ancien cromlech dont les âges avaient recouvert les parois de stigmates ; je te salue, antique balafré, gardien immémorial de ces plaines souillées ! En tes alentours fleurirent les sabbats de sorcières et de kobolds, comme fleurissent l'indifférence et la cupidité dans les sociétés humaines. Bientôt j'aperçus de troglodytes antichambres, que les falaises de pierre rongées avaient accueillies en leur sein. Une eau de roche, remontée des entrailles profondes de l'orbe terrestre, suintait le long des murs et perlait sur le sol ; dans le voile de silence apposé par la pénombre, le fracas de leur écrasement jaillissait avec la vivacité d'un crotale, rebondissait sur les parois, jaillissait de toute part et venait se perdre dans le cosmos lors d'une ultime course désespérée. Tel était le lieu où l'on entendait sourdre les harangues de Perséphone."

Lassé de ces spectacles, je fis quémander le bilieux Charon, fils d'Erèbe et de Nyx, qui m'attendit les membres figés sous le manteau de sa génitrice. Des troupeaux d'ectoplasmes l'accompagnaient et firent résonner dans ma vaste prison leurs plaintes stridentes. Je pris place près du nocher encagoulé, et nous partîmes ; le salmigondis d'esprits apatrides suivit, en laissant derrière lui un sillage de sang, de pus et d'étrons. Nous traversâmes le Styx aux aigres venins, le Phlégéton aux ardentes oriflammes - où nous croisâmes Phlégyas -, l'Achéron plat et silencieux, le Cocyte aux flots salés et le Léthé huileux avant d'arriver au marais central. Deux ombres me déposèrent à sa surface, et je m'y laissai sombrer lentement, paupières closes et membres étendus.

Loin des clartés

Insupportables des

Forfanteries et fanfaronnades plébéiennes -

Trimalcyon -

Ô fatuités écoeurantes

Existence sans vie

Ici

Accalmie balsamique

Couche tiède des limbes

Et ossuaires

Protecteurs

Aucune jouissance aucune

Euphorie

Venin apocryphe

Seulement la paix

Libératrice

Inhumaine

Seulement la

Paix.

Mercredi 4 février 2009 à 20:55

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Je profite tout d'abord de cet article pour faire un peu de publicité (car tel le Julien Sorel de Stendhal, je suis un opportuniste). A ceux qui voudraient voir mon groupe officier dans les jours qui suivent, suivez les indications prodiguées par ce petit flyer que je daigne (!!) mettre ici. Notez cependant que DEVAST, le groupe de Brutal Death Algérien, sera remplacé par BAPTIZED IN VAGINAL LIQUID, groupe Grindcore bien de chez nous. Maintenant, un peu de lyrisme ; savourez le chez-d'oeuvre que je mets ici en ligne, fraichement écrit (en cours de géo) avec l'aide de ****** (il renie y avoir participé), pastiche des Liaisons Dangereuses pleine de passion et de sincérité.

 
52. DU VICOMTE DE BRISTOT A LA PRESIDENTE DE RONCERAY.

Vous me défendez, Madame, de vous parler de mon amour ; mais où trouver le courage nécessaire pour vous obéir ? Perclus au fond de cette classe abominable qui devrait être si douce, mais que les bacchanales géographiques rendent si morne ; languissant aux côtés d'un si grand génie (d'un émo au pull rayé) ; ne vivant que d'eau et de Blédichef ; en proie à une envie d'uriner débordante d'autant plus douloureuse que mon ithyphalle est fort roide ; me faudra-t-il perdre la seule consolation qui me reste ? et puis-je en avoir d'autre, que de vous enfoncer mes encriers enténébrés dans votre trompe de phaloppe ? Détournerez-vous votre fesse, pour ne pas qu'elle soit souillée par les torrents de smegma qui m'assaillent ? Et refuserez-vous jusqu'à l'hommage de mon prépuce lymphatique sur vos bellâtres boozums ?
 
"Les seins si lourds, de trop d'amour."
                                                S.REGGIANI
"La côterie s'effeuillait sous la pluie comme des phallus décalottés montés en série."
                                                        BENEDICTUS Ier

Ne serait-il donc pas plus digne de vous, de votre âme honnête et douce, de plaindre un malheureux, qui ne l'est que par vous, que de vouloir encore aggraver ses peines, par une défense à la fois injuste et rigoureuse ?
Vous feignez de craindre l'amour, lui qui pèse sur mon être à la vue de vos mamelles démesurées et fruitées, aux pinacles enduits de chocolat Poulain. Ah ! sans doute, ce sentiment est pénible, quand l'objet qui l'inspire.

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