Vendredi 22 août 2008 à 0:01

http://ulfhednar-poilous.cowblog.fr/images/JohannHeinrichFC3BCssli054.jpg


Et d'ailleurs, j'ai mis deux plombes pour la rédiger, alors un peu de sollicitude, je vous prie.
 

Plusieurs milliers de printemps séparent cette histoire de notre âge. En cette époque, les eaux limpides des mers et des océans étaient balayées par de doux zéphyrs, et les créatures les plus diverses, peuplant abondamment la Terre, se reposaient paisiblement sous les ombrages de forêts antiques. C'est en ces temps reculés que vivait la Déesse de la Nuit, divinité immortelle qui dominait les nues aux côtés du Dieu Soleil, voué à être sempiternellement placé à l'exact opposé du point où elle se situe. Sa peau était, disait-on, aussi pâle que la pleine lune, et sa longue chevelure soyeuse était d'un noir aussi intense que le plumage d'un corbeau. Sa belle parure en brocart noir broché d'argent était composée d'une multitude de soies et de dentelles de la même couleur, et elle arborait également des bracelets et pendentifs faits d'un étrange métal sombre, où de scintillants diamants étaient profondément damasquinés. Mais la plus insigne de ses qualités était assurément sa beauté ineffable ; car comme toute Déesse majeure, elle possédait un visage céleste, une silhouette parfaite et une taille de nymphe. Pourtant, cette splendeur était restée virginale toute son existence, et son indéfectible dévotion avait jusqu'alors découragé la totalité de ses prétendants.

Un jour, pourtant, la Déesse sentit qu'une froide solitude commencait à peser sur elle. Lasse de réserver son amour pour elle seule et de n'avoir jamais témoigné aucune affection à quiconque, elle voulut prendre un amant afin d'enfanter sa descendance. Ce fut le Dieu de l'Aurore qui eut droit à cet honneur, et une nuit durant, ils partagèrent la couche nuptiale du panthéon réservé aux hymémées entre divinités. Elle en revint satisfaite, car dès le jour suivant, elle portait en ses entrailles la fertile semence de son nouvel époux. Les mois suivants, son ventre s'enfla peu à peu, et malgré tout ses craintes, sa beauté en fut à peine entâchée. Enfin, au terme de sa gravidité, elle donna naissance à un fils, et celui-ci fut plus beau encore que sa propre mère ; on le nomma Crépuscule. Sa splendeur ne fit d'ailleurs qu'augmenter avec le temps, si bien qu'à sa vingtième année, il atteignit le zénith de son éclat, surpassant alors infiniment chaque être vivant. Ses traits étaient plus fins et plus purs encore que ceux de sa mère, ses cheveux d'un noir plus profond, et une aura phosphorescente émanait de sa peau liliale. Ses yeux semblaient être deux gemmes smaragdines, et la légende conte même qu'au milieu des nuits éternelles, son regard étincelait à des dizaines de lieux alentour. Quant à son corps, il disposait de la finesse d'une guèpe ainsi que de la robustesse d'un jeune taureau, si bien que Narcisse lui-même en serait tombé éperdu. Ce serait d'ailleurs mentir que d'affirmer que sa mère n'éprouvait pas une chaste dilection à son égard, le couvrant incessament de caresses et le baignant sous ses tendres baisers. Pourtant, l'amour maternel demeurait insuffisant, et le jeune dieu ressentit prestement le besoin de déceler un épouse. Mais qu'elles sont fades et quelconques, les beautés d'ici-bas, lorsque notre magnificence ne connaît d'égal ni sur Terre ni dans l'éther ! Il commenca alors à désespérer de trouver celle par qui et pour qui il vivrait, se languissant de cette infâme thébaïde et de ce morne ennui. Il pleurait de larmes fraiches et hyalines, les yeux rivés vers les hauteurs célestes dont l'étendue ne connait aucune limite, et exhalant de longues plaintes, il se demandait si un jour il serait capable d'aimer un seul être en ce monde. Et ce jour qu'il espérait et chérissait tant vint enfin.

Le Dieu Soleil, deuxième seigneur de l'azur, avait également donné naissance à une fille, dont le nombre d'années équivalait celui du jeune prince nocturne. Seulement, contrairement à ce dernier dont la nature était diaphane et envoûtante, celle-ci détenait une majesté aveuglante et étourdissante, brûlant constamment d'un extraordinaire éclat de mille feux. Chaque partie de son être engendrait chez celui qui la contemplait les désirs les plus ardents ; ce n'était pas une passion pusillanime et frivole qui subsistait alors dans le coeur de ceux-ci, mais bien des centaines d'aiguillons incandescents profondément plantés dans leurs entrailles, les vouant à une recherche perpétuelle et désespérée de cette fleur magnétique. Le prince du Crépuscule n'échappa point à cet enchantement fatal, et bientôt l'image de cette rayonnante beauté hanta ses pensées sans aucune trève. Il se présenta donc auprès d'elle, revêtu de ses plus beaux atours, aux rênes de son char vespéral mené par quatre fauves imposants au pelage entièrement noir. Il s'exprima avec toute la ferveur et l'éloquence que lui permettait sa condition, et lui peignit la vivacité de son amour et le bonheur conjugal qui résulterait d'une telle union. Il n'eût pas achevé sa harangue que la nymphe édénique avait déjà fui ; car bien qu'ayant été touchée par les voeux de cette déité, elle ne put éprouver que du dégoût devant la pâleur sépulcrale de cet être attifé de si lugubres couleurs. Les charmes si ensorcelants de ce jeune seigneur, aux antipodes parfaits des siens, ne lui évoquaient qu'un sinistre effroi. Cette fuite l'accabla, et ses plaintes et ses soupirs, si présents et pathétiques déjà, redoublèrent d'intensité et le firent sombrer dans une insondable prostration ; à quoi bon continuer à vivre si l'objet de sa convoitise, l'unique voie vers une éventuelle félicité, demeurait loin de lui, le condamnant à un supplice éternel ? A quoi bon continuer à se regarder dans les miroirs des lacs d'opale, lorsque le reflet ainsi contemplé ne représente que la répulsion et la répugnance de celle qui a élu domicile en notre âme ?

L'affliction fut telle que, cédant aux assauts de ce chagrin démesuré, il fouetta de la bride son puissant attelage et s'élança dans une course misérable à la poursuite de la fille du Soleil. La jeune déesse l'aperçut au loin, se ruant vers elle tel un démon jaillissant de l'abîme où les flammes infernales léchaient naguère son corps opalin et ses yeux d'émeraude ; ceux-ci brillaient d'un éclat plus intense encore qu'à l'accoutumée. A la vue de ce transport véhément, elle prit peur, et déployant toute l'envergure de ses amples ailes d'airain, elle entama son essor et se déroba vers l'horizon. Les deux divinités fusaient à une vitesse plus rapide encore que celle de la foudre, et cette course effrenée produisit typhons et ouragans durant sa durée entière ; quiconque tentait de les couver des yeux ne réussissait qu'à perçevoir deux flammèches, l'une rougeoyante et l'autre bleutée, filant à travers l'éther. Vingt jours durant, cette poursuite perdura, mais au bout du jour suivant, la princesse de lumière accablé par le joug de la fatigue perdit de la vitesse, et le Crépuscule, mû par son amour bouillonnant, gagna du terrain et parvint enfin à l'atteindre de sa main. Néanmoins, l'aura de feu de la nymphe brûla le corps du jeune prince d'une flamme impérissable ; car jusqu'au déclin des dieux, le Soleil irradiera la glèbe de ses vigoureux rayons. Embrasé désormais si bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de son être, le dieu infortuné, porté par l'élan de sa course insensée, fut renversé de son char dans une sèche embardée et, son visage effaré et ses pieds tournés vers les cieux, vint choir sur la surface de la Terre. Le choc fut cyclopéen, et on eût dit que les colonnes soutenant les fondements même du monde s'ébranlèrent dans un terrible fracas, secouant avec une violence colossale chaque région de l'orbe terrestre. Une fois les seïsmes estompés et les tempêtes adoucies, les volutes pulvérulents qui environnaient l'endroit de la collision retombèrent. Alors le Crépuscule foudroyé parut étendu dans un vaste cratère, la visage d'une lividité cadavérique, le corps baignant dans un lac vermeil et toujours embrasé par le même feu dévorant, conséquence funeste de son adoration invincible. Sa mère accourut, suivie de près par son ancien amant, gémissant et se frappant la poitrine, pétrie de douleur devant cet affreux spectacle ; mais sa peine ne put rien changer à l'irrémissible destin qui guettait désormais fermement son fils tant chéri. Ce dernier leva son regard d'un vert scintillant d'où se déversaient des perles cristallines en une douce cataracte, et il vit une ultime fois cette beauté séraphique qui l'observait du haut des nuages lactescents, une lueur de repentir brillant au fond de ses prunelles. A cette vue, il souffla sensiblement, et de sa bouche délicate sortit une flamme d'un blanc pur aux reflets azurés ; lui permettant de délivrer ainsi sa passion sous forme matérielle, les divinités majeures, compatissant à son injuste sort, lui accordèrent quelques secondes de plénitude avant son trépas. Alors seulement, s'affaissant encore plus qu'il ne l'était encore, il exhala son dernier soupir.

Mais sa mémoire ne s'est point effacée ; au contraire, elle demeure même chaque jour, immortelle, au-dessus de nos têtes. Son corps enflammé fut disposé dans son ancien char, auquel furent rajoutés des oriflammes funèbres, et celui-ci se dresse fièrement dans les cieux, guidé par l'antique fille de l'astre de jour, à mi-course entre le Dieu Soleil et la Déesse de la Nuit. Ainsi, lorsque tombe le Crépuscule, une lueur grandiose inonde l'éther empourpré, annonçant le déclin du jour et l'avènement de la nuit. La Reine nocture, ayant récupéré la flamme dégagée par les entrailles de sa géniture, l'avait divisée en une infinité de morceaux avant d'en orner un suaire noir dont elle s'était vêtue. Ainsi, le manteau de la nuit est maintenant constellé de millions de tâches scintillantes, astres brûlants dégagés du sein du plus aimant des êtres ayant jamais existé. Enfin, quand après l'obscurité vient l'Aurore, on peut apercevoir sur chaque brin d'herbe et chaque feuille d'arbre quelques gouttes frémissantes d'une fraiche rosée ; elles ne sont autre que les dernières larmes versées par le prince défunt que le père à conservé et dispose sur la nature verdoyante à chacun de ses passages, ultime vestige de la grandeur de son ancien fils.
 

W.A.S.P : Wild Child

Lundi 28 juillet 2008 à 22:32

http://ulfhednar-poilous.cowblog.fr/images/rembrandtlephilosophelouvre.jpg

Mes essais en vers sont relativement rares, et la faute en est imputable à la médiocrité de mes alexandrins. Toutefois, une petite tentative de temps à autre ne peut pas causer de mal excessif.
 

Anathème éternel

Morne roi déshérité d'une terre de cendres

Que survolent des corbeaux dévoreurs de chair;

Sous ces astres funestes où règne la misère,

Je suis du triste Lucifer l'insigne gendre;

Remords éthéréen parcourant les tombes

Tourmenté par les assauts d'esprits persifleurs

Auquel j'ai interdit tout espoir de bonheur;

Ici, les chimères portent le nom de colombes.

La Lune chagrinée verse des larmes d'argent

S'écrasant lourdement sur des roses flétries;

Vestiges antiques et fânés de leurs rêveries

Que la géhenne a balayés d'un souffle ardent.

Ereinté par les fouets de Séraphins violents

Qui me délaissèrent avec mes pleurs et mes cris;

L'éternité glaciale pour seule compagnie

Lors de mes errances dans les os et le sang.

Semblable au Samael profane chûtant des cieux

Sur ces landes stériles infestées par les rats.

Personne, d'ores, ne me pouvait voir tomber plus bas,

Privé de mon coeur même, arraché par les dieux.

Contemplant le noir linceul voilant le ciel

Et les flammes mugissant à travers les bruyères;

Mes lèvres effleurant cette coupe de vin mortifère,

Fermentation fétide d'aethuse et de fiel.

Ici-bas, nul ne survit et tout disparait,

Même le soleil s'est éteint en gémissant;

Mes douves hantées par des cadavres pourrissant

Que naguère, des phalènes velues carressaient.

Pourtant, un fond humain en moi subsiste encore:

Car au-delà des vastes contrées désertiques,

Portant bien souvent des regards mélancoliques,

J'y espère un jour lointain perçevoir l'aurore.


Nargaroth - Seven Tears are Flowing to the River (version parcellaire, la deuxième partie de la chanson est également en ligne sur Youtube, pour les intéressés éventuels [et Dieu sait s'ils doivent être rares]).

Mardi 4 mars 2008 à 10:48

Lecteur avide de savoirs concernant ma vie, je ne puis te cacher la vérité plus longtemps. Ma conscience est à bout, et il m'incombe ici de distiller un témoignage poignant et sincère des événements funestes que moi et mes très chers camarades avons connu ce dernier week-end. Ô, comme nous aurions aimé que notre routine quotidienne se soit pas affectée de la sorte ! Comme nous aurions aimé rester ancrés dans les flots de l'ennui, bercés par les vagues des souffrances communes et caressés par l'écume légère des plaisirs éphémères. Hélas, ô grand hélas, le sort en a voulu autrement. Il me faut dévoiler la tragique vérité, qui pèse tel un lourd fardeau sur nos esprits attristés. Ah, si seulement nos écrits pouvaient être le parfait miroir de l'âme, nous permettant ainsi d'exalter avec pureté et justesse les tourments que nous, jouets de la Fortune, endurons continuellement ! Hélas, Dieu s'il existe ne nous a octroyé qu'une parcelle de sa perfection, et nous sommes donc condamnés à ne modeler matériellement que des simulacres de nos émotions ! Mais en dépit de cette tâche insurmontable en apparence, je vais tout de même faire l'effort de vous offrir le récit le plus franc possible, dussé-je écrire le plus odieux des témoignages.

Par le souci de respecter la mémoire de la personne dont il est ici question, je garderai secrète son identité, et par un désir d'anonymat, je la dénommerai "Mademoiselle P". Alors voilà, nous n'allons pas épiloguer des heures durant...Mademoiselle P est morte. Oui, la voilà, la triste réalité. Elle est morte, morte, MORTE ! Et dire que nous commencions, que je commencais à peine à la connaître. Gabi fit preuve de la plus honorable des sagesses en l'emmenant à l'anniversaire de notre cher Benjamin. Dès que nous la vîmes, le coup de foudre fut immédiat. Dire qu'elle nous plût serait le plus vil des mensonges : quel être oserait faire preuve d'une telle marque d'inhumanité ? Mademoiselle P ne plait pas. Elle charme, elle hypnotise, elle envoûte. Tout homme ayant déjà croisé un regard avec elle la tiendra irrémédiablement en son sein des années durant, sans même penser à autrui. Non, juste son image dans votre esprit, qui hante vos journées et vous empêche tout sommeil paisible la nuit venue. Tout mot, tout sourire, tout contact qu'elle offrait agissait tel un baume bienfaisant sur notre corps et notre âme. A la voir, on eût supputé qu'elle n'était pas réellement une femme, non, affirmer cela aurait été l'insulter ; elle était bien plus que cela, elle était l'Essence même de la femme, remarquable par sa pureté. Et nous, heureux ignorants périssables, grains d'un sable terne dans un univers infini et resplendissant, nous avons eu l'immense honneur de la connaître et de partager d'intimes moments en sa compagnie. Alors, bon, d'accord, elle ne possédait pas toujours une conversation des plus fertiles, elle faisait part d'un manque flagrant de pudicité, sa coupe de cheveux était quelque peu démodée, et son ingénuité la contraignait à avoir continuellement la bouche ouverte en un O parfait. Mais tout de même ! C'était elle que nous allions voir lorsque le monstre froid et vindicatif de la mélancolie nous guettait, et c'était auprès d'elle que nous trouvions douce chaleur et réconfort. Voilà, c'était cela : dans ce monde sombre et illusoire, elle était une entrée, une voie d'accès à un Eden perdu et oublié.

Hélas, mille fois hélas, les idylles les plus savoureuses sont également les plus chimèriques et passagères. Tout se passa très vite. Ce fut lors de la soirée donnée en la gloire de Gabi et de ses 18 printemps. Ce même fidèle Gabi qui, en nous présentant Mademoiselle P, nous fit goûter quelques bouchées de Paradis. Mademoiselle P y était présente, faisant de nous les plus augustes des hommes ; la soirée battait son plein, et elle y avait totalement sa place, prenant part à nos jeux et nos actes où la tempérence était proscrite. Rien n'aurait pû, en ce moment, atteindre notre éminente félicité...rien sauf une chose. Tandis que Vincent cassait un néon et que Colin prenait son 15ème apéro, Mademoiselle P périt, sous le choc titanesque d'un coup de matraque de Gabi. Ô, comme la souffrance est insupportable quand quelques secondes encore, auparavant, le bonheur le plus total nous illuminait de ses rayons limpides ! Tous passèrent aux aveux et déclarèrent ô combien ils aimaient Mademoiselle P, et ce fut là le spectacle le plus émouvant et le plus pathétique que je vis durant ma courte vie. La douleur était si aigue chez Ben qu'il en fut totalement aliéné, et lorsqu'il découvrit que moi et la Demoiselle entretenions quelque relation intime, goûtant à de délectables délices charnels sans qu'il en fut tenu informé, une folie névrotique s'empara de tous ses membres, et il entreprit de me morigéner avec force et opiniâtreté. Ne comprenant que trop bien la décrépitude de sa raison, je tentai de rester calme et impavide, faisant preuve de tact et de doigté pour que le malheureux reprenne enfin ses esprits, nonobstant les horribles blasphèmes qu'il me crachait au visage. Mais ses affects n'avaient que trop avili son raisonnement, et il en vint aux mains. Alors je sus que tout effort de ma part serait inutile, et décidai ainsi de combattre le feu par le feu. Je le molestai alors de par la puissance de mes bras et de mon corps, et nous deux de nous battre, laissant libre cours à notre furie et aux plus profonds de nos instincts de mâle dominant, et allant même jusqu'à implorer finalement les noms de Fabrizio de Salina et de Tancredi Falconeri, personnages ô combien illustres du roman de Guiseppe Tomasi de Lampedusa, "Le Guépard". Ici, un documentaire vidéo a même été prit par notre loyale Camion, afin que vous contempliez l'étendue des dommages collatéraux.

(Camion et moi-même, quelques heures avant le drame, nos esprits encore légers et sereins...)

Affreux, et même plus que cela. Je te vois tremblant de peur. Tu as totalement raison d'agir ainsi, pauvre Lecteur. Mais...tu vomis d'effroi ?! Comme je te comprends...nous parvînmes tout de même à nous calmer, et nous constatâmes l'ampleur de la tragédie. Nous pleurâmes et honorâmes alors autant qu'il se put la mort précoce de notre chère et tendre. La vie continue, désormais, mais sans ses suaves caresses et ses doux parfums ennivrants, elle a perdu de ses couleurs. J'ose chérir l'espoir, ô ma demoiselle adorée, que tu vis maintenant en un Royaume céleste où se tiennent, éternellement, mille splendeurs et une infinité de délices. Un jour, qui sait, lorsque nous serons tous caccochymes et périrons à notre tour, nous atteindrons nous aussi cette divine contrée. Et au bout du couloir lumineux, tu seras là, resplendissante de beauté, illuminant les alentours de tes vertus, toujours avec ta petite bouche ronde et tes grands yeux cristallins, nous observant tendrement tout en nous tendant une coupe chamarrée d'or où repose le plus pur des hydromels, le nectar des dieux. Et alors, et seulement alors, nous connaîtrons à nouveau la joie et la vivacité qui nous animait lors de nos jeunes années. Nous tous, moi, Ben, Colin, Gilou, Marion, Clément, Laurent, 30 Euros, Florian, Pierre, Vincent, Elise et tous les autres pensons à toi. Je n'ai pas dit Gabi. Car cela ne vous semble pas étrange, à vous ? Il commence par nous la présenter lors de l'anniv' de Ben, l'on ne se doute de rien. Puis dès que nous eûmes établi des liens affectifs (et bien plus encore !) entre nous, il la tue par accident lors de son propre anniversaire, elle qui fut transportée par ce même Ben. Pure coïncidence ? Hasard tragique de l'existence, impossible à vaticiner ? Je ne pense pas...quoi qu'il en soit, nous devons être très prudents...tenez, voyez donc ! Le mime Marceau, Frederic Chichin, Carlos, Henri Salvador, et maintenant Mademoiselle P...n'est-ce pas étonnant, cette longue liste de morts qui s'allonge inexorablement ? Vous, je ne sais pas, mais moi, je préconise le bénéfice d'une protection ultra-rapprochée auprès de Carla Bruni afin que ces morbides événements ne l'atteignent point, auquel cas ce serait là le plus grand désastre que l'Humanité aurait jamais connu.

J'ai profité de ma maladie (salope d'otite !) pour écrire ces quelques lignes, en espérant vous avoir transmis mon profond désarroi et mon incommensurable prostration. Mais cette soirée funèbre n'en fut pas moins réussie et des plus agréables, notamment lorsque nous passâmes "L'âge de Bière" (avec la douche dudit liquide qui s'en est suivie...) de Mononc' Serge afin d'oublier quelque peu cette terrible perte. Je vous la met d'ailleurs ici, cette fameuse chanson, et puisse-t-elle vous revigorer lors de vos plus durs moments, et raviver en vous la flamme incandescente de l'espoir et du goût pour les choses essentielles de la vie !

Lundi 18 février 2008 à 17:14

Cette année comme toutes les autres, nous avons tous pu (toi, toi et toi tout comme le dernier des crétins) assister une fois encore à l'avénement de cette odieuse journée que l'on nomme communément "Saint Valentin", censée célébrer les relations amoureuses dont jouissent les couples (bien qu'entre nous je ne connaisse aucun Valentin, et encore moins de Valentin qui soit en couple). Il est de connaissance unanime, pour qui est un minimum doté de jugeotte (je n'ose dire d'intelligence) que cette célébration est de loin la plus ridicule de toutes, et l'une des plus commerciales, de surcroît (n'est pas Noël qui veut), sorte de fête pseudo-thuriféraire visant indirectement à dégoûter encore plus les célibataires (comme s'ils en avaient besoin !) de cet amour qui, comme je l'ai déjà clairement énoncé à plusieurs reprises, est aujourd'hui totalement dénaturé de son essence véritable, pouvant désormais se malaxer et se modifier à la guise des hâbleurs, usant de déguisements et de perfidie. Mais en relisant mes anciens articles, j'ai constaté un problème majeur : je n'ai parcouru que la surface du problème véritable, travaillé la paroi cellulaire sans toutefois en effleurer le noyau même. J'ai décrit l'amour tel qu'on le ressent, tel qu'on le voit communément, lui et les souffrances qu'il engendre, mais sans justifier quoi que ce soit (du moins, uniquement avec mon empirisme propre). Mais quelle est la nature véritable de cet amour qui bien souvent nous empoigne ? J'ai médité un certain temps sur la question, poussant parfois mes veillées à des heures nocturnes tardives, tout en recherchant matière à savoir chez quelques hommes de science et de philosophie (notamment Schopenhauer, Stirner, Platon, Freud ou même De Rougemont). Au final, j'ai construit et établi ce qui va suivre, bien que je me fonde principalement sur ce qui fut déjà accompli par ces hommes ; j'ai cependant essayé d'ordonner et de corréler tout cela, tout en y apportant parfois une petite touche personnelle. Je pense que tout ce qui va suivre tient la route et peut s'affirmer comme vrai ; du moins, comme vraisemblable. Certains, principalement amoureux, je n'en doute pas, me reprocheront sûrement mon pessimisme et mon manque de lésine dans mes propos. A ces derniers, je rétorquerais que l'optimisme, lorsque l'on voit les choses en face, est bien la plus grande hérésie qui soit, et qu'en tant que célibataire, j'estime bien mieux pouvoir parler de ces choses qui inféodent leurs capacités de réflexion et de remise en question.
 

Démarrons de prime abord par le plus simple et le plus admissible. L'amour est, déjà, un processus d'individualisation, notre passion pour autrui pouvant atteindre divers degrés. Le plus bas est le désir fugitif et désuet, que l'on éprouve lors d'un coup d'oeil sur une personne du sexe opposé, dans la rue, au lycée ou je ne sais où encore. Au fur et à mesure qu'une relation s'établit et que les contacts forcissent, le degré évoluera, et il se peut bien qu'il atteigne son point culminant, pinacle de cette échelle : la passion véritable, ardente et véhémente, telle que nous la rapportent les grands poètes romantiques, par exemple. Mais justifions encore ici l'emploi du terme "individualisation" ; un désir volatile, comme l'on en ressent pléthore dans notre existence, peut facilement être étanché par un invidivu autre que celui désiré originellement, de par le fait que le désir n'est ici que minime, et que notre esprit est donc encore relativement libre dans ses choix et décisions. Mais plus le dégré passionnel montera haut et plus le désir ne pourra être assouvi par un autre individu, ce qui fait qu'au final, l'esprit et la raison seront tournés tout entier vers l'être désiré, ce même désir inapte à être comblé par une autre personne. C'est ce que l'on appelle plus communément la "Cristallisation Stendhalienne" : l'on accapare l'autre de toutes les qualités possibles et imaginables tout en faisant fi de ses défauts, aussi fou et irrationnel que cela puisse paraître. L'individu vers lequel la passion sera tourné apparaîtra alors au sujet sensible comme sa seule raison de vivre, la seule personne capable de le rendre heureux, le seul objet qui puisse le satisfaire. Car oui, l'amour est également un processus d'objectivation : en tant que sujet connaissant du Monde, que "manifestation pure de la volonté", je possède ce pouvoir de juger un individu extérieur en tant qu'objet (que chose ?) selon des critériums prédéfinis et prémédités (que nous évoquerons en détails plus loin), et ce en vue de mon propre égoïsme.
 

Car il est en effet que l'égoïsme est présent chez chaque individu connaissant du Monde, même chez le plus pur, en ce qu'il est inhérent à l'être humain. Effectivement, en tant que sujets connaissants du Monde (comme je l'ai déjà précisé), nous avons cette capacité à établir des jugements selon notre propre manière et à voir les choses selon la représentation que nous lui attribuons, faisant de nous le pilier, le centre du Monde, de NOTRE Monde, tel que nous le voyons, l'interprétons et le représentons (cela explique d'ailleurs la pluralité et la diversité de points de vue sur un même sujet de discussion, par exemple). Ainsi, objectiver un individu et le juger selon NOS propres critères, c'est déjà en soi de l'égoïsme. Mais l'amour est égoïste à bien d'autres égards. Tout d'abord, et ce rien que dans la phase de séduction, j'agis. Et chaque action - parfois déterminée et réfléchie à l'avance - que j'exécute n'est pas sans but et sans projection dans le futur ; l'on agit uniquement en l'espoir d'une action réciproque d'autrui, et c'est ce désir d'action de sa part qui nous fait agir. Nouvelle preuve d'égoïsme. Mais qui plus est, être aimé, c'est l'assurance d'obtenir une image gratifiante de moi-même au travers de son regard : l'objet de mes désirs, celui que je chéris plus que tout au Monde (du moins, pour l'instant... à nouveau, on étoffera cela plus tard), m'a choisi, moi, et en cela j'ai le droit au plus auguste des honneurs. A contrario, un refus ne me renverra qu'une image dévalorisante et médiocre de moi-même : tous les efforts fournis pour combler ma passion se sont révélés vains, et le refus reflète à merveille l'image de moi que je me fais ainsi, avilissante et pitoyable. Ainsi, privé de cet individu qui a refusé ma passion, le doute s'immisce en moi, me faisant réfléchir de ma valeur propre et de mes qualités véritables, et tombant alors dans une totale prostration, je suis alors en proie à la plus brûlante des souffrances existant ici-bas. A nouveau, je reviendrai sur le sujet vers la fin.
 

Le choix de l'individu désiré, disais-je, se base sur divers critériums, dont certains sont déjà établis dans l'esprit de l'homme, en ce que ce dernier n'est au fond qu'un animal, et que de par ce fait, nos critères premiers sont les mêmes que ceux des animaux : santé, force et beauté. Santé, car en effet, l'esprit ne se tournera naturellement pas vers un être valétudinaire, handicapé gravement ou malformé. Le choix tire irrémédiablement vers un individu bien constitué, sans aucune dégénerescence de santé et relativement jeune. Car il se trouve que la jeunesse (englobée ici dans la santé) et une caractéristique fondamentale et déterminante, étant donné que passé un certain âge, nous ne sommes plus en mesure de séduire véritablement et d'éveiller une passion ardente. A ceux qui prétendent "Moi et lui/elle, on s'aime pour notre beauté intérieure et ce quoi qu'il arrive !", demandez-vous donc "Et si lui, lui, là, mon alter-ego, vieillisait soudainement de plusieurs dizaines d'années, l'aimerais-je toujours ?" Emballez, c'est pesé. Le deuxième critérium, avais-je déclaré, et la force. En effet, et cela rejoint quelque peu mes propos précédents, un être cacochyme et chétif nous semblera bien moins apte à combler nos attentes : la constitution musculaire - et tout simplement corporelle ! - joue un facteur décisif, et il est du savoir commun qu'un beau corps ou des formes généreuses et plantureuses excitent plus facilement l'individu qu'un corps famélique ou boursoufflé. Dans le paragraphe suivant, toutes les raisons de ces critères sera éclarici. Enfin, la beauté. Ici, nous n'avons pas trop à tergiverser : nous pouvons de suite affirmer que plus un être se rapproche de l'image de beauté idéale que nous nous faisons du sexe opposé (proportions des membres, taille et couleur des yeux, traits du visage, etc) et plus nous éprouverons du désir pour lui. Le choix d'un tel ou un tel peut également, comme je l'avais mentionné dans un article antérieur, être inhibé ou facilité par l'apparence vestimentaire d'autrui. Ce fait est relativement récent et notamment présent lors de l'adolescence et de tous les préjugés qu'elle véhicule (c'est bien connu, l'ado lambda est con et rempli d'illusions) ; aussi, au lecteur qui voudrait en savoir plus à ce sujet, je ne puis que le renvoyer à cet article (lien ici !).
 

Mais ne tournons pas plus longtemps autour du pot, je vois déjà poindre l'ennui sur le bout du nez du lecteur (qui commence d'ailleurs à s'affoler de la longueur de l'article, chose dont je m'excuse), déblatérons donc la pensée maîtresse de ce texte : l'amour n'est au fond rien de plus qu'un désir masqué de perpétuer l'espèce humaine. Uniquement cela. Déjà, comme nous l'avons vu, on choisit l'autre, on le juge en fonction de critériums, ressemblants à ceux des animaux, et notre égoïsme le place ainsi sur une échelle passionnelle. Ce choix, à lui seul, peut servir d'argument pour expliquer ce désir de pérenniser l'être humain au fil des âges. Certains ont même énoncé que le choix d'un individu n'était non pas pour notre bonheur personnel (illusion chimèrique que nous nous faisons), mais uniquement en vue de générer un nouveau-né possédant les meilleures qualités possibles ! Mais d'ailleurs, on le voit bien facilement : un humain ne commence à aimer véritablement qu'une fois la puberté atteinte, le faisant ainsi apte à procréer ; l'enfant, lui, ne connait pas vraiment les sentiments passionnels, et se contente de singer les attitudes de ses parents. Prenons un autre exemple très simple : chez tout être, toute créature vivante, le besoin instinctif le plus puissant est celui de conserver son espèce, et grand nombre d'actions sont tournées vers ce but. Or, la plus haute aspiration de l'Homme est, tout naturellement, la recherche du conjoint de sa vie, de sa "moitié manquante" comme il est précisé dans les mythes grecs. Donc, cela se recoupe, et la plus haute aspiration de l'être humain lambda est donc de perpétuer son espèce (d'où l'admiration, au passage, des familles "heureuses" et proches). D'ailleurs, ce qui nous fait languir et nous émeut dans les grandes histoires inventées ou les pièces de théâtre, lorsqu'il est question d'amour, n'est-ce pas, par l'union improbable de deux êtres, leur triomphe sur les interêts personnels des autres, et ainsi le triomphe du bien de l'espèce (dans les livres bien écrits, du moins ; Marc Lévy, tu sors...) ? Pensez au vieux dicton des contes de fées : "Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants". Et parallèlement, dans les grandes tragédies, ce qui nous blesse et nous affecte, n'est-ce pas ce désir de triomphe stoppé et empêché par quelque sort pernicieux, entrainant la séparation ou la mort des deux amants ? "Roméo et Juliette" en est le meilleur exemple (et Shakespeare est un grand auteur). Un autre exemple à l'appui : la primauté du désir corporel et sexuel sur la réciprocité des sentiments. En effet, et n'en déplaise aux imbus d'optimisme mielleux qui prônent que la chose la plus importante est qu'autrui nous aime pour ce que l'on est, à ceux-là, je réponds : non ! Ce qui compte, ce qui importe le plus (pour nous les hommes, du moins, mais ca marche aussi pour certaines femmes !), c'est bel et bien de satisfaire notre libido qui nous incombe, d'assouvir notre soif charnelle. Et ce ne sont pas les exemples qui manquent !! Voyez plutôt : mariages forcés, relations pour de l'argent, prostitution, coups d'un soir, libertinage, viols, abus de l'autre par l'alcool ou la drogue...funeste tableau pour l'ingénu langoureux. Cela confirme ce que j'ai avancé et je le précise à nouveau : la réciprocité sentimentale n'est qu'un accessoire (avantageux ou futile selon la nature des individus) en vue de la jouissance que l'on tire de l'acte sexuel en lui-même, et ce dernier est bien le paroxysme sentimental visé et, paradoxalement, incarne également l'inéluctable fin de l'amour-passion. Car qu'on se le dise (et cela peut, de surcroît, symboliser l'ultime argument), une fois l'idylle de l'extase sexuelle atteinte avec l'objet de notre amour, la passion va alors entamer son inexorable amenuisement. Car il est que la jouissance nait d'un besoin que l'on s'approprie, et donc d'un manque comblé ; lorsque le besoin nous est refusé, alors la souffrance qui guettait arrive et nous dévore. Et au contraire, l'on savoure d'avance la jouissance lorsque l'on sait qu'une chose sera prochainement notre, jouissance dont le point d'orgue se situe lors de l'appropriation véritable. Mais une fois cela passé, le manque comblé, alors la jubilation s'efface et l'on se retrouve au même point qu'avant la naissance du désir. L'homme, erratique, est condamné à ne jamais être satisfait. Précisons la chose : le but de toute vie est d'assurer la perpétuité de l'espèce. Si l'orgasme n'amène pas une certitude de naissance prochaine, alors la passion peut subsister ; elle décroîtra, certes, mais elle continuera à être présente jusqu'à son extinction totale. Mesdemoiselles, un bon nombre d'entre vous pourrons témoigner d'ex-petits amis qui vous ont quitté pour cause "d'envie d'aller voir ailleurs, de profiter de sa jeunesse, de connaître de nouveaux horizons féminins". Cette justification est la marque même de mes dires. Par contre, lorsque l'orgasme amène la fécondation de l'ovule, c'en est fini de la passion de naguère. L'homme, en tant que porteur du liquide séminal, n'a qu'un rôle extérieur à la création d'un nouveau-né, en ce que l'individu futur sera généré dans le ventre de la mère, et non dans le sien. Ainsi, il apparait justifiable que l'homme puisse aisément désirer, une fois un futur être généré, de nouvelles créatures, son rôle étant achevé. Au contraire, la femme, porteuse de l'enfant, va éprouver un besoin d'amour et de loyauté de son conjoint, et ce en vue du bonheur de la génération future (élevage dans les meilleures conditions possibles, présence et soutien du père, etc), et c'est en cela qu'une tromperie de la part d'une femme est bien plus rare mais bien plus condamnable que celle d'un homme, car moins naturelle. Et c'est pour cela que l'on a sorti le mariage de derrière les fagots. Car le mariage, en soi, signe l'arrêt de mort du bonheur du couple, allant contre certains instincts et désirs naturels, abnégation réalisée dans le but d'assurer le plus grand bonheur possible à l'enfant et donc à la postérité, lui assurant des soins et des attentions soutenues de la part des deux membres du couple. Mais j'ai déjà bien assez trainé sur le sujet, j'en ai assez dit à mon goût, passons à un autre paragraphe, qui sera, je l'espère (pour vous ; moi, je m'amuse comme un petit fou) le dernier. Je préciserai juste ici que la science a déclaré et prouvé que l'amour-passion véritable ne pouvait durer, au maximum, que trois ans. Après, fini. Voilààà.
 

Conséquences et causes du refus !! Déjà... on en est fort marri, et ce n'est que compréhensif et justifiable, en vue de tout ce que nous avons déjà dit. Le refus est, de nature, un manque non-comblé et un besoin inassouvi, d'où la naissance de la souffrance. L'ardeur de la souffrance diffère en fonction du degré d'individualisation, et plus ce degré est haut, plus le tourment sera aigu. L'on sombre alors dans une totale prostration et dans une période de doute que j'ai cité plus haut. La vie perd alors de toutes ses couleurs et de son sens, les autres plaisirs paraissent éphémères et dérisoires, la bonne humeur nous quitte, nous laissant en proie à la plus vive des mélancolies existantes. Cette négation du goût de la vie et de la volonté de vivre peut même aboutir à des douleurs occasionnées volontairement (arrachage de cheveux, mutilations sur les avant-bras [voire même sur le reste du corps], hurlements, etc), en ce que la douleur apparait comme un substitut à notre souffrance. Les plus tristes scénarios peuvent, enfin, déboucher sur le suicide, lorsque la souffrance est trop insupportable et que le dégoût de la vie est à son comble, ou à l'aliénation, marque ultime de la passion écrasant la raison pure. Le refus peut être entrainé par deux raisons : tout d'abord, il peut y avoir un non-respect des critériums que nous avons évoqué, ce qui entraine de la part de l'individu une inaptitude à assouvir nos expectatives et nos pulsions sexuelles. Vous venez de prendre un râteau typé "Monsieur Bricolage" sans en comprendre les raisons ? Placez-vous donc devant un miroir et demandez-vous si vous êtes en mesure de représenter un met savoureux et exotique pour l'appétit de l'autre. Bon. Ensuite, les critériums peuvent être partiellement ou totalement respectés, mais la relation sera néanmoins impossible, car la personne chérie à déjà en vue une autre personne plus apte à satisfaire son appétance et à sustenter ses besoins. Je suis désolé. Au pire des cas, vous pleurerez beaucoup, vous déprimerez, vous ferez des nausées, vous vous mutilerez et vous ferez une petite tentative de suicide. Sinon, je peux aussi zigouiller le keum en question, moyennant finance, bien entendu. Hum, bref, voilà les deux raisons. Mais je vois déjà une main se lever du fond de la salle...moui ? Et pour les demoiselles exaltant l'amitié ? Oh, oui. Eh bien, dans un premier cas, on peut y rattacher les deux raisons précédement citées tout en y ajoutant un manque de sincérité de la part de l'autre. Hélas. Dans un deuxième cas, il se peut que nous présentions pour l'individu objectivé des caractéristiques propres uniquement à celles d'un ami, qu'elles soient physiques ou morales. J'écris d'ailleurs ce qui suit avec comme une gêne hésitante, avançant une idée qui vient de me traverser l'esprit et dont je n'ai pas vérifié la véracité, mais je pense que les caractéristiques entrainant la conservation d'une amitié découlent des caractères d'un individu possédés habituellement par celui du sexe opposé, qu'ils soient, une fois encore, physiques (cheveux longs chez un garçon, carrure robuste chez une fille, etc) ou moraux (sensibilité exacerbée chez un garçon, virilité incongrue chez une fille, etc). Il faut d'ailleurs ici noter que la possession d'une culture approfondie (littérature, poésie, connaissances historiques, ...) chez l'homme joue, contrairement à ce que l'on pense, en sa défaveur, en ce que la culture apparait ici comme un substitut à une certaine faiblesse de sa part, faiblesse qu'il cherche à combler par le savoir ou l'art. Je parle bien entendu ici des véritables artistes et écrivains (les grands hommes ne sont-ils point les plus esseulés ?), et non de ces infâmes maniéristes et autres Bourgeois-Boême qui pullulent et infectent le domaine initialement sacré de l'art, usant de hâblerie et de procédés pathétiques, produisant alors de la merde aseptisée et souillée afin de plaire au plus grand nombre et d'attirer quelque regard honorifique et de récompense libidineuse. Donc voilà. Et s'il s'avère qu'une damoiselle (ou même un damoiseau, mais cela est plus rare) veut rester ami avec vous sans toutefois respecter les raisons énoncées, alors voyez-y une quelconque liberté métaphysique et spirituelle, qui le différencie bel et bien du simple animal. Et là est le seul point positif du tableau.
 

Donc en conclusion, cueillez des fraises et mangez-les. C'est bon, les fraises. Ca fait oublier les articles longs et pompeux. Ou alors, vous pouvez suivre les sages et lénifiants conseils de notre cher et tendre Charles (je vous laisse deviner lequel) :
 

"Il faut toujours être ivre. Tout est là : c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve. Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous. Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe vert d'un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est ; et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront : "Il est l'heure de s'enivrer ! Pour n'être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise."

Maintenant, le monsieur vous dit d'écouter "Ye Entrancemperium" d'Emperor et de savourer l'essence la plus pure du Black Metal.

Vendredi 22 juin 2007 à 13:22

Mettons un terme à ces considérations prosaïques où le blog serait une sorte de mode d'expression de l'intime profond. Prenons plutôt en compte les topiques de la modernité poétique amorçée par Baudelaire : le sentiment conduit à l'imprécision et à la médiocrité, seule l'imagination permet une voie royale vers l'expression parfaite de l'Essence des choses et le dévoilement de vérités cachées.  Dorénavant, ces quelques pages ne seront plus un lieu d'oraisons intimistes ou de confidences personnelles, où je dresserais sans nulle gêne un panégyrique des choses qui me passionnent (et Dieu sait si elles sont peu nombreuses et promptes à énumérer). Seuls les anciens écrits possédant une réelle valeur critique ou une dimension tangible du travail qu'ils ont recquis seront conservés (écrits qui sont, comme pourra le constater le lecteur, peu laconiques). Maintenant, place à l'imaginaire ; mais pas cet imaginaire ruineux qui nous fait poursuivre de vaines idylles et d'où résultera toujours une insupportable affliction, non, celui-ci est bien ignoble, et les rêveurs avides d'un monde épuré de tout vice sont véridiquement de navrants idiots, qui ne font que renier cette parcelle brûlante qui sommeille en eux.

Si désormais, le lecteur voudrait bien prendre la peine de franchir le seuil diégétique de ces quelques lignes et d'opérer la lecture de ces humbles travaux, sans nul doute serai-je le plus comblé des hommes. Car il faut savoir saisir le moindre fragment de contentement dans les plaisirs épars et volatiles parsemant le monde.

C'est parti.

<< Page précédente | 1 | 2 | 3 | 4 | Page suivante >>

Créer un podcast