Mardi 20 janvier 2009 à 19:36

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"Pensais-tu réellement que la poésie pouvait se limiter à une pratique innocente ? Imaginais-tu qu'une peinture pleinement mimétique des espaces floraux et montueux qui t'entouraient et une description faussement exaltée de tes passions grelottantes pouvait suffire à l'aboutissement de ce dessein ? Pauvre fou, ingénu et présomptueux ; ta veulerie et l'étroitesse de ton esprit rigoristique ne t'ont même point permis de saisir ne serait-ce qu'une infime parcelle de ce qu'est l'essence de ce divin sacrement. Penses-tu sincèrement qu'un poète peindrait avec niaiserie ces beautés écoeurantes et éparses qui l'entourent, en pigmentant ses oeuvres d'aspirations idylliques melliflues et insensées ? Légitimerait-il ces fallacieux portraits thuriféraires de femmes sans défaut saillant ? Tu n'es assurément qu'un profond crétin. La poésie n'est point une frivolité de puritain impubère qui s'émerveille et s'extasie devant toutes ces laideurs difformes ; elle est un cri païen, une clameur proférée d'une gorge sphacélée et ensanglantée. C'est un combat sans merci, un duel contre Dieu le créateur, une célébration blasphématoire où cracher sa bile à la gueule de l'adversaire est monnaie courante. Le poète n'aime pas la vie, la nature et ces vénustés pataudes qui surabondent honteusement ; il les hait, il les exècre, il les abhorre ! Il n'y voit que courbes grossières, que couleurs abominables, que tissus chancreux, que chairs pestilentielles en décomposition ; de néant, ces immondices s'en retourneront bienheureusement au néant, là où nulle conscience avertie n'aura plus à souffrir leur vue. Il est malade de l'existence. La vie est une rixe permanente, un prométhéen combat de gladiateurs où, devant toutes ces monstruosités émétiques, le mirmillion illuminé lutte pour ne pas chûter et vomir ses entrailles... Ignorant crédule, découpe donc ton crâne, déchiquette ton encephale larvaire et observe la substantifique moëlle qu'il recèle ; vois ces orbites encore inexplorés qui gravitent selon des révolutions impromptues ! Vois ces constellations enrubannées de ténèbres et ces présences ignorées qui errent, écoute ces crépitements thaumaturgiques qui retentissent dans l'ombre apaisante et qui s'évanouissent aussitôt dans un silence sourd ! La voilà, l'authentique poésie ! Le poète est un fuyard inconsolé, un apatride au coeur marmoréen qui dégorge la réalité et honnit cet extravagant idéal baignant dans une lumière grumeleuse et suintante. Son ultime consolation restera l'anéantissement pur et simple de cette nature détestable, érigeant un temple nouveau, éblouissant d'or et bâti sur des piliers d'airain ; et quand bien même il devrait continuer à sculpter le vulgaire et le grotesque, ce ne sera qu'en le vilipendant triomphalement, en granitant son oeuvre d'hypocrisie grinçante et d'accusations euphorisantes, et ce avec la plus grande prodigalité."


Hommage laborieux aux deux illustres herméneutes, sieurs Friedrich et Steiner.

Par sadnesshope le Lundi 26 janvier 2009 à 19:48
je n'ai pas pris le temps de lire tout, mais le temps d'admirer la photo celui ci je l'ai pris.
 

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